samedi 14 février 2015

Sur des chemins d'Asymétrie


C'est la guerre qui m'a entraîné sur mes premiers chemins d'Asymétrie. Pas très loin d'ici. En Bosnie. Au cœur d'une déchirure balkanique si proche de nous. Déchirure en Europe, déchirure entre voisins.

Jusque-là, je roulais à pleine vitesse sur des autoroutes de certitudes. La logique et la symétrie semblaient couvrir le monde. Elles régnaient sur ma vie.

Ce n'est pas la brutalité même du conflit qui m'a frappée. La guerre est toujours horrible... sauf pour ceux qui ne la font pas et la dicte parfois. Je le savais, je l'avais lu, Erasme l'avait annoncé : dulce bellum inexpertis...

Le torrent de violence sauvage s'entretenait dans le lit de la vengeance. Et nous nous efforcions de nous interposer, de placer un coin dans l'engrenage de la haine, armé d'un casque d'un  bleu plein d'espérance. Non, ce qui frappait, ce n'était même pas cette brutalité, c'était l’illisibilité de la situation à nos esprits cartésiens, c'était l'imprévisibilité des réactions, l’irrationalité dans la décision des acteurs, la domination du ressenti sur la raison.
La mort, la  douleur, le froid, la faim, les corps meurtris, les amitiés trahies guident bien plus la masse des hommes en guerre que la quête du seul intérêt immédiat.


Résultat de recherche d'images pour "monde bi polaire"


Quelques mois auparavant, le monde était symétrique. Un mur traçait un axe de symétrie idéologique. Des armées entraînées, connues, commandées, déroulaient leurs exercices avec précision, dans l'ordre et la rigueur... Une génération était construite sur un repère bi-polaire. Le chaos balkanique est venu annoncer une nouvelle donne.

La déchirure d'un monde normé venait de nous ramener à la nature profonde de l'homme où la quête d'identité, de culture, de sens et de foi dépassait les seules préoccupations idéologiques et mercantiles... Le monde quittait les autoroutes balisées pour les chemins de traverse.

AdA