samedi 28 septembre 2013

En ces temps perturbés, recherche homme providentiel... désespérément...






Certes, c'est un classique en France, ce culte de l'homme providentiel... Mais en cette période de crise qui se prolonge, on aimerait bien voir émerger quelques visionnaires ! D'aucuns pensent que nous n'avons pas encore touché le fond... c'est possible car notre misère matérielle actuelle est toute relative. La question essentielle est pourtant : où sont passés l'espérance et le souffle de l'innovation ?  Nous recherchons tous une direction éclairée par un type d'homme que Guillaume Apollinaire décrit en quelques mots  :

[.../...] Certains hommes sont des collines
Qui s’élèvent d’entre les hommes
Et voient au loin tout l’avenir
Mieux que s’il était le présent
Plus net que s’il était passé […/…]


Sont-ils poètes, philosophes, économistes, penseurs libres, hommes politiques ? Sans doute, un peu tout cela... A lire ces vers, ils ne semblent pas si rares mais seraient-ils audibles dans l'urgence médiatique et dans le culte du profit immédiat ? C'est finalement peut-être à nous tous de prendre le temps d'observer nos collines; pour cela, il nous faudra inscrire nos attentes et nos espoirs dans le temps long et le bien commun. Cela nous redonnera le sens des priorités et fera émerger des hommes de bonne volonté et de bonne intelligence.

dimanche 22 septembre 2013

L'écologie en politique : rente ou vocation collective ?


Je ne sais pas pourquoi l'écologie en politique me fait penser au dormeur du Val de Rimbaud...


"C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons."


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C'est beau, féerique, idéal et reposant. On se laisserait bercer. Pourtant plus on avance, plus une ambiguïté se fait sentir, un poids, un doute... 


"Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut."


Un soupçon pèse de plus en plus. Un petit parfum maladif. Un contraste entre le dynamisme initial de la Nature et le repos, l'inaction de l'homme, du jeune combattant.

"Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid."


C'est à la Nature de le prendre en compte, de le protéger, de l'assister. Paradoxe : c'est l'inverse de l'ambition de l'écologie en politique.

"Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit."



Il est mort comme un rêve déçu, comme une promesse trahie. Toute la communion entre l'homme et la Nature perd de son charme. Elle ne semble atteignable que post-mortem... N'en est-il pas de même de l'écologie en politique dont le dessein n'est guère lisible et se confond dans une succession de taxes et d'incohérences ? Pas de souffle... juste quelques querelles politiques intestines pour s'accaparer des rentes de la République. 
Il est mort comme la confiscation d'une noble idée. L'échec d'une lutte pour la survie du monde vivant, trop encartée dans des partis auto-proclamés "écolo" et étonnamment progressistes... plus impliqués dans une surenchère à l'évolution des mœurs, dans une confusion entre dignité de l'Homme et relativisme déstructurant, en perte de toute cohérence entre le respect de la Vie et la défense de la Nature.
L'écologie est pourtant une idée noble qui se doit d'être transverse sur l'échiquier politique. Ne devrait-elle pas être portée par tous dans une convergence responsable, pour l'avenir de nos enfants ?

vendredi 13 septembre 2013

Une cigogne au pays des hiéroglyphes…

Notre ère de suspicion nous offre enfin un peu de poésie… Après les requins israéliens guidés par GPS pour attaquer les touristes sur les plages du Sinaï, après le pigeon espion et son mystérieux microfilm, voici une nouvelle variante égyptienne de la fable du « renard et la cigogne », un remake animalier d’« OSS 117 : Le Caire, nid d’espions », une version pour enfant du « Vol des cigognes » de Grangé !


En effet, alors qu’elle faisait une courte pause dans sa migration en compagnie de ses consœurs, une cigogne a dû obtempérer à une invitation forcée de la police égyptienne ... Equipée d’un boitier électronique sur le dos, elle présentait tous les attributs d’une espionne française. Après une investigation de quatre jours dans un poste de police, elle a finalement été relâchée sur ordre du procureur. Le boitier servait à étudier sa migration...


La morale de cette nouvelle fable ne dit pas si les autorités politiques françaises se sont senties flattées par une telle considération pour nos productions régionales alsaciennes et pour nos petits bidouillages électroniques « made in France »… Cette surestimation de nos capacités d’espionnage n’est-elle pas la reconnaissance de notre élégance et de notre imagination comparées aux mécaniques rustres et industrielles de Prism, aux satellites perfectionnés d’observation et d’écoute, aux drones espions et autres outils des Big Brothers ?
A moins que les Egyptiens, en bons visionnaires, n’anticipent d’une décennie l’intégration des composants électroniques en tout genre (on parle de puces, capteurs électro-optiques et infra-rouges, systèmes d’écoute) dans des organismes vivants…

dimanche 8 septembre 2013

Hélie de Saint Marc : notre sentinelle du soir rejoint ses ombres sur la piste…

 « J’appartiens à une génération que l’Histoire a traversée de part en part. Dans Les Champs de braises, j’ai raconté ma part de vérité et parcouru à nouveau, pour en retrouver le sens, ces terres où nous avions vécu, les camps de concentration, les rizières du delta, les prisons ou les montagnes d’embuscade. […/…].
Notre chemin a été peu fréquenté. Au cours de cette longue route, nous avons ramassé quelques éclats de vérité. Des êtres remarquables nous ont ouvert leur porte. Des lucioles et des plaisirs ont éclairé notre chemin. Je ne voulais pas que ces souvenirs disparaissent avec le dernier d’entre nous. […/…].
Après avoir vécu tout, et le contraire de tout, certaines blessures brûlent encore comme si on les frottait de sel. Mais d’autres ombres, d’autres bonheurs, veillent en silence. Je les appelle « les sentinelles du soir ». Elles ont le visage de l’espérance. » (Hélie de Saint Marc, Les sentinelles du soir, Les arènes, édition septembre 1999, p 11-12).

Un témoin essentiel de nos guerres orphelines a repris la piste.
Il est à nouveau avec les siens, ceux qui sont tombés sous ses ordres, ceux qui l’ont entouré dans ces années de souffrance, de devoir et d’honneur, ceux qui l’ont aimé. Il n’incarne pas la figure de ces héros invincibles, pétris de certitudes et repus de discours de morale. Peu de place pour des exploits guerriers. Il ne nous a pas livré non plus un traité de géopolitique. Il nous a donné à connaître notre douloureuse Histoire humaine par un récit humble,  grave et souvent poétique : « les paysages nous attirent dans la mesure où ils sont le miroir de notre perception intérieur ». Nous avons pu veiller avec lui sur la nuit dans les montagnes du Tonkin, découvrir la fascination du désert à El Oued et surtout parcourir les cœurs des hommes dans les pires affres de la condition humaine : la guerre « haïssable » et l’enfer concentrationnaire.
Il en reste une stature, celle d’un homme debout dans les vents tourmentés de l’Histoire du monde, poussant sa « carcasse » pas à pas en s’efforçant de toujours saisir l’essentiel, de choisir le chemin et l’attitude qui lui semblaient justes. Il nous offre une image expressive, simple et fragile, de cette « éthique » qui pousse à l’engagement : « Plus d’une fois, je me suis jeté dans l’action pour ne pas fendre davantage la statue intérieure que mes quinze ans avaient façonné, ce modelage de pierre et de plâtre, de choses vues et de chimères qu’ensuite il faut bien faire tenir debout».


Il n’a pas brisé sa statue intérieure. Il est devenu une de nos « sentinelles du soir », un visage de l’espérance.