"Tu te ronges d'appartenir à un peuple mangeur de chevaux, esprit et estomac mitoyens".
Cette sentence de René Char me revient en mémoire alors que je ne l'avais jamais assimilée. Elle me parle enfin... Les faits divers rejoignent les grandes trajectoires... On perçoit mieux aujourd'hui cette convergence entre esprit et estomac dans une société pressée, qui ne sait plus ce qu'elle ingurgite faute de temps, de goût et de patience. Plus de contact avec l'éleveur, le boucher, plus une minute à perdre pour cuisiner. Société privée de relations humaines directes, servie par une fausse transparence et par un "marketing bobo" qui préconise le "bio" déclaratoire plutôt qu'une réelle proximité avec la terre et la Nature... un peu comme cette écologie de façade qui nie l'Homme pour le Progrès... Les mots perdent leur sens. Alors faut-il vraiment s'étonner de trouver des chevaux saturés de médicaments dans des plats cuisinés aux noms savoureux ?...
Il y a une connaissance rationnelle du monde portée par la géophysique, la biologie, l’histoire, la géopolitique, la polémologie... Pourtant, lorsque je m’efforce de comprendre une actualité surabondante, j’en frôle plus facilement le sens dans une évocation littéraire, poétique… Elle livre une forme de lecture globalisante, relate une atmosphère, inspire une intuition... Par son intrinsèque humanité, elle me semble offrir un chaleureux supplément d’âme aux ternes certitudes spécialisées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire