dimanche 5 janvier 2014

Espérance en chemin...

Pour celui qui a un peu voyagé hors des sentiers battus, loin des chemins chargés du tourisme de masse, il y a quelque indécence à revenir dans notre univers national gâté mais plaintif et dépressif...
Pour celui qui voit la France comme un souffle dans l'Histoire du monde, chargée d'idées, d'héroïques victoires et de grandes figures, mûrie de ses grandeurs et de ses erreurs, il y a comme une déception de la voir atone, culpabilisée et auto-flagellatoire...
Pour celui qui voit la France comme la patrie de la famille, de l'école publique pour tous, de la sécurité sociale, il y a comme une incompréhension à la voir détruire ce qui la singularisait pour céder dans un même mouvement aux sirènes d'une vision qualifiée de progressiste et pourtant déjà arriérée...


Mais pour celui qui connait la France, sa vaste littérature et son Histoire mouvementée, il sait que cette passade est en train de générer une nouvelle prise de conscience de l'évolution réelle du monde. Il verra poindre au delà des poncifs de la défaite et du déclin, une ambition, une lueur d'écologie humaine en construction, graine d'avenir, gage d'équilibre dans la dignité.
Il verra en marche et en devenir :
"Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle. [.../...]
L'Espérance est une fille de rien du tout,
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière,
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier
Avec ses petits sapins en d'Allemagne. Peints.
Avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas,
Puisqu'elles sont en bois.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
C'est cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
La petite espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend seulement pas gardes à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance
S'avance.
"Charles Péguy "Le Porche du Mystère de la deuxième vertu". 1912

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