Dans Situation de la poésie (1938), Jacques Maritain se prononce sur l'intitulé de notre blog...
"Il y a une connaissance poétique du monde, mais elle n'est pas pour connaître ni pour connaître le monde, elle est pour révéler obscurément à lui-même et féconder dans ses sources spirituelles le sujet créateur. Si vous prétendez en user pour connaître, elle s'évanouit dans vos mains."
Bon, pour être franc, c'est un peu le sentiment que je commençais à nourrir depuis l'ouverture de ce site... La connaissance poétique du monde est intrinsèquement dépendante de notre propre nature. C'est finalement aussi une connaissance de soi car "le contenu de l'intuition poétique est à la fois la réalité des choses du monde et la subjectivité du poète..." [Maritain, L'Intuition créatrice dans l'art et dans la poésie, 1966]. Mais il s'agit avant tout d'une connaissance qui vise à porter du fruit car elle "connaît non pour connaître mais pour produire. C'est vers la création qu'elle tend."
Idéalement, l'apprentissage d'un savoir doit donc passer par une appropriation et une retranscription pour chaque être afin de lui donner une profondeur et une personnification qui stimulent à la fois la raison et l'émotion par la créativité. On peut alors s'interroger sur les procédés pédagogiques d'apprentissage qui ne visent qu'à une restitution froide et désincarnée. La connaissance fait sens dans une finalité individuelle ou collective. Ce constat peut paraître très théorique en lui-même (mais moi aussi, je chemine en écrivant...). Il me semble pourtant intuitivement que la créativité, l'inventivité, conjugaison d'un savoir technique et d'une personnalité révélée à elle-même, demeure la clef de voûte de la dynamique économique, sociale et politique d'une société. Or elle ne semble accessible, notamment pour le Bien commun, que quand l'Homme recherche un progrès sans se renier en tant qu'être de Nature...
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