vendredi 1 novembre 2013

Seul le malaise gagne...



         Cette auto-flagellation française ne nous conduit-elle pas dans le mur ?
C'est tout de même un drôle de signal pour un pays de se déchirer à ce point pour la famille d'un fraudeur insolent, de s'auto-taxer à tout-va pour déséquilibrer ce qui tient encore (épargne et circulation), de ressasser l'image du grand collecteur d'impôts pris la main dans le sac, de s'offusquer de la barbe de nos otages enfin libérés, de concentrer la seule once de fermeté politique contre la liberté de conscience des maires au nom d'une modernité triomphante dont on ne voit jamais la moindre trace pour les affaires sérieuses... 
Dans l'inaction, à l'arrêt, en panne de projets et d'actes tangibles, le bouillonnement des commentateurs dépressifs tient lieu de politique... Agitons, agitons, il en restera bien quelque chose... (suite ci-dessous)
Mais ce quelque chose, ces incessantes querelles ne sont pas sans séquelles. C'est la crise des esprits qui pèse... La sclérose des idées passéistes ne porte pas au dynamisme et à la soif d'entreprendre... mais à l'amplification des conflits internes... ou externes... On se croirait un peu dans le Rivages des Syrtes quand les rumeurs qui alimentent l'ennui nombriliste de l'ancienne cité rayonnante la conduisent inexorablement à sa perte :
"Ainsi le malaise gagnait du terrain, et, jour après jour, on pouvait voir céder de façon inattendue quelque nouvelle défense. Comme une troupe qui s'avance cachée sous un brouillard, une désorientation subtile de l'adversaire préparait et précipitait sa marche. Quand je songeais à l'instruction que j'avais reçue d'Orsenna, et aux échos complaisants qui me revenaient de là-bas aux bruits qui enfiévraient la ville, il me semblait parfois qu'Orsenna se lassait de sa santé endormie, et sans oser se l'avouer eût attendu avidement de se sentir vivre et s'éveiller tout entière dans l'angoisse sourde qui gagnait maintenant ses profondeurs.  On eût dit que la cité heureuse, qui avait essaimé de toutes parts sur la mer et laissé rayonner si longtemps son cœur inépuisable dans tant de figures énergiques et d'esprits aventureux, au sein de son vieillissement avare appelait maintenant les mauvaises nouvelles comme une vibration plus exquise de toutes ses fibres." (Le rivage des Syrtes,  Julien Gracq, p158, éd. José Corti, Prix Goncourt 1951).


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